Il n’est plus possible de cacher au public la défaite et la retraite de l’armée française.
Les nombreux réfugiés belges qui arrivent à Nantes ce 26 août en sont autant de témoins.
Les journalistes tentent de faire amende honorable ; ils ont péché par optimisme. Mais qu’il est difficile de dire la vérité : la défaite devient un revers, une vicissitude, au pire un échec, bien sûr provisoire.
Ainsi en va-t-il pour Gaston Veil qui intitule son éditorial du 26 août dans Le Populaire : « Ce n’est qu’un épisode » : « C’est dans les épreuves qu’un peuple montre par son sang froid qu’il est grand et fort. Le premier venu peut s’abandonner à la joie, mais les âmes bien trempées savent seules garder dans les revers le calme grâce auquel on sauve toutes les situations. Nos troupes sont pleines d’enthousiasme parce qu’elles ont foi dans leur cause et qu’elles sont sûres du succès final. Un échec ne les abattra pas, car elles ne peuvent ignorer que la guerre est faite de vicissitudes et que là comme ailleurs la roue de la fortune tourne. Ce serait se bercer d’illusions dangereuses de penser qu’on puisse être continuellement victorieux et nous avons eu le tort, pendant les premiers jours, de pousser trop loin l’optimisme. »
Ce jour là, Le Phare titre : « Nous serons tenaces et persévérants ».