Pour permettre la rentrée des classes au Grand Lycée, devenu « Hôpital militaire 21 », les services sanitaires de l’armée évacuent, le 3 octobre, tout le Petit Lycée et une partie du Grand Lycée (où demeurent près de 700 soldats blessés).
Dans l’aile du bâtiment restée libre, la rentrée a lieu le lundi 12 octobre. Afin de gagner de la place, les classes de la 6e à la 3e ont été transférées au Petit Lycée et l’on a fermé l’internat. De toute façon celui-ci ne pouvait plus fonctionner faute de personnel. Trente deux professeurs et administrateurs ont été mobilisés. On doit supprimer, ou limiter, quelques enseignements comme la gymnastique et le dessin. On réduit aussi le nombre de divisions ce qui oblige à charger les classes (64 voire 80 élèves dans certaines). Pour remplacer les professeurs mobilisés, ont fait appel à des professeurs retraités, à des professeurs du Nord et de l’Est réfugiés dans la région. Le proviseur, le censeur, le directeur du Petit Lycée et les surveillants généraux se chargent de quelques cours.
De 1064 élèves en juin 1914, les effectifs sont tombés à 940 à la rentrée d’octobre. La perte est due, d’abord, à la mobilisation des élèves des Grandes Ecoles et à l’engagement volontaire de quelques élèves du second cycle, comme le fils du maire Paul Bellamy élève de première engagé le 2 août.
Mais le proviseur déplore aussi, dans son rapport daté du 17 octobre, la faiblesse des rentrées dans les petites classes :
« La raison m’a été donnée par des parents ; la plupart des pères de ces jeunes gens, employés ou commerçants, sont mobilisés ; les ressources sont restreintes et l’on estime sage de ne pas engager de dépenses non indispensables. On s’impose encore des sacrifices pour un enfant en cours d’études, mais on regarde sans grande importance la perte de quelques mois, voire d’une année, dans les études d’un enfant de 6 à 12 ans. Malheureusement, beaucoup de ces élèves ne nous reviendront pas. Il eût donc été habile, à mon avis, de décider que tous nos anciens élèves des classes élémentaires et préparatoires, bénéficieraient de la remise des frais d’étude pendant la guerre. »
Source : Archives du lycée Clemenceau