Dans Le Populaire du 26 octobre, on peut lire sous le titre « Boches » cette chronique de J. Tallendeau :
« En 1870, on disait d’eux : les Pruscos ; en 1914, on les appelle des Boches. Les premiers étaient des bandits et des soudards ; les seconds sont des vandales, des reîtres, des assassins : au demeurant gens de sac et de corde à mettre sur le même tas.
« Les Boches ! Le nom est expressif, et comme il rend bien l’horreur que nous inspirent ceux à qui l’esprit public l’a appliqué ! Car il s’agit d’une locution populaire née, spontanément, quelque jour, sur les lèvres d’un Titi ou d’un Gavroche parisien. Maurice Donnay a recherché l’origine de cette appellation ; c’est jeu d’académicien.
« En langue populaire ou plus exactement en argot parisien, la désinence en « oche » est toujours prise dans un sens péjoratif. On dit d’une chose mauvaise, une chose « moche » ; d’une forte tête une « caboche ». Des Allemands qui nous haïssent et que nous détestons nous avons fait « Alleboches » et par élision des Boches !
« Les Boches ! Ce sont des êtres sans moralité, sans honneur, sans scrupules. Ils ont l’instinct sanguinaire et rapace des bêtes de proie qui se repaissent de charogne et vivent au milieu des champs de carnage. Ils n’ont d’autre sentiment que celui de la force brutale et renient avec une égale facilité leur parole et leur signature…
« Les Boches ! Ce sont encore, sous une forme abjecte, des individus grossiers, lourds, mal embouchés, de mauvaise tenue ; des goujats ivres de vin et vautrés dans leurs ordures ; des gens qu’on ne fréquente pas et qu’on chasse, à coups de balai, dès qu’ils se présentent quelques part…
Pour le monde entier, à la fin de la guerre, les Boches seront l’objet d’un universel mépris. Il faut les supprimer à coup de fusil. »