La « course à la mer » touche à sa fin.
Le front, long de 700 km de la mer du Nord à la frontière suisse ne bougera plus avant 1918. Chacun s’enterre dans des tranchées.
La guerre de mouvement est terminée et une autre commence dont nul ne sait quand elle s’arrêtera. Les éditorialistes doivent expliquer à leurs lecteurs cette guerre qui s’enlise, sans pour autant les désespérer. Pour cela ils ne manquent pas d’imagination.
Gaston Veil, dans Le Populaire du 10 novembre, sous le titre : « Lettres de soldats » choisit de donner la parole, aux combattants (sans en citer un seul !) :
« Chacun y exprime à sa manière sa certitude du succès final. Jamais l’ombre d’un doute, jamais le moindre fléchissement. La partie est gagnée depuis longtemps, depuis notre victoire de la Marne. Les Allemands se savent perdus, mais ils n’osent pas rentrer dans leur pays. Ils sont honteux de leur défaite et ils ont peur d’être mal reçus chez eux. Alors ils s’accrochent désespérément chez nous partout où ils peuvent. »
Ainsi va la propagande qui ne convainc pas grand monde et exaspère les soldats de retour du front.