Maurice Larrouy, ancien élève du Lycée de Nantes, est lieutenant de vaisseau sur le croiseur Waldeck-Rousseau.
Le 11 novembre il écrit dans son journal :
« Comme dans les tranchées aussi, nous essayons de tuer le temps, qui a la vie si dure. L’étude de la carte militaire est décevante ; nous avions coutume, à chaque communiqué reçu par télégraphie sans fil, de piquer des drapeaux sur les fronts d’occident et d’orient. Les épingles vacillaient chaque jour d’un quart ou d’un dixième de millimètres ; elles ont fait dans le papier des trous où l’on ne lit plus rien, et nous avons renoncé à les dépiquer. Par liasses, les journaux arrivent à chaque courrier ; vite lus, vite rejetés, ils n’alimentent ni nos conversations, ni nos rêveries. Nous n’avons point apporté de France des livres que nous jugions superflus pour une guerre courte, et ceux que nous avons commandés pour des croisières interminables ne nous sont pas encore parvenus. Les lettres s’écrivent vite, quand on n’a pas grand’ chose à dire et que la censure interdit les détails. »