Depuis la mi-novembre, la fin de la « course à la mer » et l’arrivée de la neige figent les deux camps sur leurs positions.
Malgré la bataille qui continue, le front ne progresse plus ; la guerre semble devoir se prolonger ; comment ne pas décourager l’opinion ?
Les journaux nantais pratiquent le flou ou préfèrent évoquer les autres fronts (turc, russe) où le moindre succès d’un allié devient une grande victoire.
Ainsi du 27 novembre au 4 décembre toutes les « unes » sont consacrées aux succès russes : « L’avalanche russe submerge les armées austro-allemandes » (30 novembre). Succès russe évoqué aussi par le général Guillaumat dans une lettre à son épouse du 27 novembre : « Nous apprenons la belle victoire russe…. Mes 17 000 hommes poussent des cris le plus près possible des Allemands pour fêter le succès russe et il y a de quoi impressionner les cochons d’en face. »
En décembre, dans Le Populaire, le front français ne fait titre que le 9 : « De l’Argonne à la mer nous accentuons notre pression sur l’ennemi » ; Le Phare fait preuve de la même discrétion se contentant de quelques rappels chronologiques à l’occasion ; ainsi, le 11 décembre : « Nos glorieux succès du 22 novembre au 5 décembre ».
Le 25 décembre, Le Phare et Le Populaire reviennent à 4 pages (au lieu de 2 depuis le début des hostilités), dont la dernière consacrée à des divertissements (feuilletons, mode, cuisine, publicité). C’est une première faille dans l’austère recueillement que la nation s’imposait face aux sacrifices des soldats. Mais la guerre est si longue, si monotone