On estime à près de 10 milliards, le nombre de lettres échangées pendant la guerre.
Jamais feuilles de papier n’ont porté tant d’émotions retenues, tissé de liens si puissants, endigué de si profonds désespoirs.
Le 18 décembre, Alphonse de Châteaubriant écrit à son épouse :
« Te dire maintenant que nous ne traversons pas des jours noirs serait mentir. Tant que nous avons eu le soleil sur les campagnes, tant qu’a duré surtout notre espoir de revenir au foyer dans les environs de Noël, nous gardions encore assez de gaîté au fond de nous pour remplir nos soirées avec des plaisanteries. Maintenant que s’évanouit à l’horizon l’échéance du retour, nous abaissons sous la rafale des fronts plus attristés et des bouches moins prêtes à la blague. Nous n’avons pas besoin qu’on nous encourage ; nous avons besoin de voir, de lire l’écriture de ceux que nous aimons. Tu ne t’imagines pas quelle puissance de transformation possède une simple enveloppe portant l’écriture préférée. »