Le lycée a rouvert ses portes le 1er octobre 1912. Si les effectifs sont en légère augmentation (1104 élèves au lieu de 1075 l’année précédente, le nombre des internes diminue (162 au lieu de 180). Dans son rapport, daté du 2 novembre 1912, le proviseur donne les raisons de ce désintérêt pour l’internat, ce qui nous éclaire sur les difficultés économiques des classes moyennes et sur les pesanteurs de la tradition dans certains groupes sociaux de l’Ouest français.
« Quelques autres, des internes et même des boursiers, élèves passables ou même assez bons, ont abandonné leurs études, entre autres deux boursiers, à la fin de la première, sans s’être présentés au baccalauréat où ils auraient réussi selon toute probabilité, en juillet dernier et ce faute de ressources. Le père de l’un d’eux m’a écrit : « qu’il m’était impossible d’habiller mon fils convenablement pour qu’il puisse se présenter au lycée… la vie devient trop chère… ». Cela illustre jusqu’à l’évidence la difficulté de plus en plus grande de recruter notre internat.
D’une part, les familles aisées ne nous envoient pas leurs enfants comme internes : la mentalité générale de la bourgeoisie et de la noblesse, dans la région nantaise, ne leur permet pas. J’ai vu une famille me supplier de trouver un professeur voulant se charger de leur fils, faute de quoi ils l’enverraient interne à Paris, ainsi leurs relations ignoreraient qu’il était dans un lycée.
Et d’autre part, les familles de fonctionnaires ne peuvent plus, avec l’accroissement extraordinaire du coût de la vie depuis deux ans, maintenir leurs enfants au lycée, même avec une demi-bourse. Nous avons perdu de la sorte un bon élève de seconde qui nous doit plusieurs centaines de francs et que je ne peux plus accepter parce qu’il ne peut plus payer ».