Albert Poumailloux, 21 ans, ancien élève du Grand Lycée, reçu à L’Ecole Polytechnique en 1914, vient d’arriver sur le front des Flandres.
Il est sous-lieutenant dans l’artillerie, affecté à une batterie de 75. Il écrit dans son journal :
« Le jour, nous vaquons à nos occupations. L’une de ces dernières, et la plus importante, consiste à aller à l’observatoire surveiller les tranchées allemandes. De ce point, nous dominons les deux lignes des tranchées comme si nous nous y promenions. J’ai aperçu nos braves troupiers fumant des pipes et causant, tout comme si j’avais été à leurs côtés, de même, on voit les têtes des Boches qui montrent leurs bérets ou leurs casques.
Il y a à l’horizon une route sur laquelle nous voyons parfois dans la lunette passer quelque chose… un homme, ou une voiture, ou un groupe de piétons ! Nous les attendons comme le chasseur, le braconnier du bocage vendéen, guette le lapin au « gîte ». Quand le gibier paraît, un coup de téléphone et alors, boum ! puis, au-dessus de nos têtes…psss et boum ! flac ! Souvent on voit les gens sauter en l’air ou s’affaisser. C’est triste ! mais c’est la guerre ! et ce qui serait un crime en temps normal devient, pour la défense sacrée du pays, un devoir impérieux devant lequel nous nous inclinons tous. »