Dans son journal, à la date du 1e avril 1915, Léon Jost écrit :
« 21 heures : Grande conversation ce soir entre les Français et les Allemands dans les tranchées de première ligne. En prêtant l’oreille, on les entend de la tranchée de 2e ligne. Plusieurs Boches parlaient français couramment et l’un d’eux se disait même, paraît-il, ingénieur de l’Ecole Centrale de Paris.
L’un de chez nous lui cria : « Voulez-vous faire la paix ? »
La réponse fut : « Ce soir si vous voulez, si vous venez avec nous fiche sur la gueule aux Anglais ! »
Puis, comme on lui demandait comment il s’appelait, l’Allemand répondit : « Joffre ».
Enfin, ils ajoutaient : « Camarades français, pas tirer demain, demain grande fête, pas tirer ! »
Puis le silence se rétablit un moment, mais lorsque je fais une ronde dans la nuit, les sentinelles me disent qu’à chaque instant on entend le bruit des conversations. Au ton, on les devine le plus souvent fort peu amicales. »