Le Populaire, consacre un article à la visite de deux jours du président de la République, Raymond Poincaré, sur le front :
« Il a visité les troupes qui opèrent dans la région de l’Aisne. Il a épinglé la croix de guerre aux drapeaux de six régiments… Il a longuement parcouru les tranchées… en s’entretenant partout avec les officiers et avec les hommes… »
Le général Guillaumat, dans une lettre à son épouse donne une version au ton très différent :
« Nous avons eu la visite inattendue du président de la République. J’aimerais mieux ne pas t’en parler, mais l’impression a été si unanime que je suis bien sûr de n’être pas victime de mes partis pris, comme tu dis. Quel pauvre homme, Seigneur ! L’inintelligence ne suffit pas à expliquer certaines attitudes et certains silences : il faut que s’y joigne le manque de cœur : revue passée au pas de course, comme une corvée dont on veut se débarrasser au plus vite ; pas une décoration apportée à des régiments dont l’un venait de perdre, il y a six jours, 25 officiers et 700 hommes ; pas un mot aux officiers généraux et aux drapeaux à qui il a remis des croix. Si l’on ne sent pas les choses, qu’on apprenne au moins son rôle ! Et cette tenue de chauffeur automobile ! Enfin passons et consolons nous en pensant qu’il n’a aucun pouvoir. Mais qui a le pouvoir ? Je grinche comme tu vois aujourd’hui. »