En Champagne, le front a progressé de 3 à 4 km depuis le 25 septembre, mais la rupture espérée par Joffre n’a pas été réalisée. L’offensive française continue à se concentrer sur les points de résistance résiduels et ne parvient pas à entamer la deuxième ligne, comme en témoigne le communiqué officiel su 30 septembre à 23 heures :
« En Champagne, nous avons gagné du terrain au nord de Mesnil-lès-Hurlus et plus à l’est entre la cote 199 au nord de Massiges et le route de Ville-sur-Tourbe…. Une contre-attaque ennemie est parvenue à reprendre pied dans l’ouvrage de la Défaite. Une seconde contre-attaque très violente, dans ce même secteur, a été complètement repoussée… »
Le Nantais Maurice Digo participe ce jour-là aux combats dont parle le communiqué. Dans ses Carnets il écrit :
« Quand la compagnie est regroupée, nous nous engouffrons dans une tranchée bouleversée qui pue le cadavre. On fait passer « Fortin de Beauséjour, Silence ! » Le sol est humide et mou. On foule des corps à demi-enterrés dont l’odeur est épouvantable. Traversé, sous les rafales de fusants, un marécage encombré d’épaves. Un obus éclate tout près, son souffle âcre et brûlant me jette à terre. D’une file que je devine parallèle à la nôtre, une voix hurle « Kamerad ». Prisonnier blessé sans doute. Une galopade éperdue, lui fait seule écho. Après 4 heures de cet horrible cheminement, nous stoppons en repos de manœuvre au pied d’une crête, vraisemblablement Nord de la Main de Massiges. Serré près de Famy, je m’endors, brisé de fatigue. »