dimanche, 24 octobre 1915

La Patience et la Peur

C’est le titre de l’éditorial de Maurice Schwob, dans Le Phare, ce dimanche.

Alors que les grandes offensives franco-britanniques en Artois et Champagne n’ont pas abouti, alors que nos alliés russes sont en grosse difficulté, alors que l’ennemi progresse dans les Balkans et que nous n’atteindrons jamais Constantinople, il faut, par des articles bien sentis, ne pas désespérer l’arrière et tenter de le motiver.

 

Usant de la métaphore marine l’éditorialiste écrit : « Si le port est encore caché, et si le vent souffle en bourrasque, raison de plus pour que le navire donne toute sa puissance, qu’aucune force ne soit perdue, qu’aucune bonne volonté ne s’égare, qu’aucune écoute ne mollisse… ».

Cela c’est pour la Patience.

 

La Peur ! Elle est bien sûr dans le camp adverse et Schwob navigue alors sur le mensonge patriotique : « Pour eux, la fin serait en vue : la fin des munitions… la fin des hommes surtout, qu’aucune mécanique, qu’aucune chimie ne peuvent remplacer. Voyez déjà comme l’angoisse les étreint. Le symptôme de la peur chez eux, c’est toujours une recrudescence de barbarie. En Belgique ils assassinent les femmes ; sur le front, ils assassinent nos hommes.

Ils ont, en ce moment, une peur féroce. »