Faute d’opérations victorieuse sur le front occidental, les journaux nantais se focalisent depuis un certain temps sur le front oriental où, après l’échec des Dardanelles, les Alliés ont débarqué à Salonique, début octobre, pour porter secours aux Serbes attaqués par les Bulgares soutenus par les Autrichiens et les Allemands.
Dans Le Phare de ce jour, sous le titre « Orientales », Maurice Schwob fait le point sur la situation dans la région.
D’entrée il admet que : « Les nouvelles de Serbie sont franchement mauvaises. Nos intrépides amis ont atteint la limite extrême de leur résistance. » C’est peu dire. L’armé serbe, battue, s’est réfugiée en Albanie et a été abandonnée par ses alliés franco-britanniques repliés à Salonique.
Pour ne pas décourager l’opinion et provoquer la censure, Maurice Schwob veut voir dans ce repli tactique un gage de victoire future : « De Salonique, nous menaçons toutes les frontières terrestres ».
Concordance des temps, au même moment, le général Guillaumat écrit à son épouse : « Nous sommes tous angoissés par ce qui va se passer à Salonique. Nous le sommes plus que personne, puisque nous y avons des camarades. » Guillaumat plaide pour un renforcement du front oriental car, après la défaite des Serbes, il craint celle des Russes qui permettrait ensuite aux Allemands de transférer leurs troupes à l’Ouest.
Loin de ces sombres pensées, Maurice Schwob préfère terminer son éditorial par une métaphore optimiste : « Doit-on s’effrayer si le Kaiser, pour leurrer son peuple par des succès faciles, étend indéfiniment sa ligne de bataille, jusqu’au jour où elle se rompra d’elle-même, comme se brise l’enveloppe amincie d’une bulle de savon ? »