Dans ses Carnets, Maurice Digo écrit qu’une attaque étant prévu ce jour, des soldats de la « territoriale » (soldats plus âgés servant derrière les premières lignes) ont apporté des bouteilles de gaz la veille.
Mais :
« L’attaque est ajournée, la direction du vent ne permettant pas l’émission des gaz. Pour la troisième fois, les minables territoriaux emportent leurs bouteilles.
Il pleut. Nous sommes voués à tous les supplices. Vautrés comme des bêtes dans notre cloaque pestilentiel, les uns font entendre de sempiternels geignements, d’autres des menaces, des imprécations. La souffrance arrache des cris de révolte.
Leuthreau nous apporte en douce, opium et élixir. »
Nous sommes loin du Poilu mythique décrit par Clemenceau, le 14 novembre dans « L’Homme enchaîné » : « toujours gai, toujours fier, toujours paré de cet inexprimable sourire de confiance, signe éternel des âmes qui ne peuvent pas fléchir. »