Gaston Esnault, professeur au Lycée de Nantes, est mobilisé depuis le début de la guerre au 81e RIT avec le grade de caporal.
Au proviseur Barou, qui lui a écrit pour avoir de ses nouvelles, il répond (extrait) :
« La vie se poursuit avec une monotonie extrême. Au cantonnement l’ivrognerie des hommes qui devient immaîtrisable ; en deuxième ligne les corvées d’entretien de boyaux et de transport de matériel ; en première ligne les veillées nocturnes et les bombardements quotidiens, échange de torpilles aériennes ; environ deux hommes par jour sont tués ou grièvement blessés au 81e. L’effectif se voit considérablement réduit, mais surtout par les embusquages et la métallurgie : ma compagnie compte 122 têtes tout compris quand il s’agit d’aller en permission ; 60 hommes seulement pour prendre la garde en tranchée de première ligne.
Veuillez présenter mes hommages à Madame et Mademoiselle Barou ; croyez cher Monsieur… »
NB : Embusquage et métallurgie : Esnault fait allusion aux soldats « planqués » et à ceux qui, ouvriers qualifiés des entreprises métallurgiques, ont été rappelés sur leur lieu de travail.
Gaston Esnault publiera, en octobre 1918, sous le titre « Le Poilu tel qu’il se parle », un dictionnaire de l’argot des tranchées.