Le raid d’un zeppelin sur Paris, dans la nuit du 29 au 30 janvier (voir chronique du 30 janvier), a créé un tel trouble dans l’opinion que le gouvernement a accepté d’en débattre à la Chambre des députés.
Le Phare en rend compte dans son édition du 3 février ; une photo (ci-contre) accompagne l’article.
Sur le front, le général Guillaumat suit l’affaire à travers la presse et, dans un courrier à son épouse, il vole au secours des aviateurs :
« On voit des zeppelins partout, c’est une obsession. Il faut comprendre qu’on ne peut les empêcher ; la recherche d’un ballon est impossible aux avions qui, assourdis par leur moteur, n’entendent pas le zeppelin, sont moins rapides que lui, encore plus dans leur ascension puisqu’il monte à pic en jetant du lest et des bombes… Quant aux canons, la nuit, à 3 000 mètres de hauteur, avec un objectif qui file à 150 km/h, tu penses si c’est facile ! »
Guillaumat signe là un aveu d’impuissance. Grâce à leurs zeppelins, les Allemands disposent d’une nette supériorité pour le bombardement à longue distance. A la fin de l’année apparaîtront des avions de bombardement (allemands et russes) qui réduiront l’intérêt des dirigeables. 1916, c’est aussi l’année où les avions connaissent une importante mutation. Ils vont devenir plus rapides (y compris en vitesse ascensionnelle), plus agiles, plus robustes et l’on va les spécialiser : reconnaissance, chasse, bombardement, soutien direct de l’infanterie.