Pendant toute la durée de la guerre, en dépit de quelques entorses (la censure, la propagande…), la France est restée une démocratie ; ce n’est pas si fréquent dans son histoire. Mais, une rivalité subsiste entre responsables politiques et chefs militaires à propos de la conduite de la guerre, au front et à l’arrière. Si tous poursuivent le même objectif, la victoire, les uns doivent repousser l’envahisseur en tenant compte des contraintes du front tandis que les autres doivent tenir l’arrière et se justifier à la Chambre devant les députés.
Cette rivalité tourne parfois à la rancœur comme en témoigne ce courrier du général Guillaumat à son épouse :
« Des grands hommes qui viennent nous visiter, qui regardent sans voir, écoutent sans entendre et repartent avec des idées encore plus fausses qu’à leur arrivée. Hier, c’était Pichon et Barthou, et c’est la même incompréhension des réalités ; ils sont de Paris, et comme Paris ils ne voient dans la guerre que des victoires ou des défaites ; l’idée seule de lutte, d’effort, d’opiniâtreté leur échappe, et leur futilité, leur frivolité du temps de paix les rend incapables de comprendre la durée nécessaire aux opérations… Ou bien Verdun est pris, ou bien les Allemands sont en déroute ! Quant à comprendre qu’il se livre là une bataille qui peut durer deux mois et qui nécessite des mesures en conséquence, ils en sont incapables. »