L’ambulance de campagne, à laquelle est affecté le brigadier Alphonse de Châteaubriant, est engagée dans la bataille de Verdun.
Dans une lettre à son épouse, l’écrivain nantais décrit le logement de fortune qu’il s’est aménagé avec un camarade et que les poilus appellent une « cagna » :
« Je t’écris au milieu du fracas d’artillerie qui, sauf quelques rares silences, continue ainsi jour et nuit depuis plusieurs semaines. Je suis dans ma cagna, à demi enterré entre deux parois de terre et sous le toit en biseau de ma toile de tente. J’ai installé ma cantine à l’entrée, si on peut appeler une entrée le trou de couleuvre par où je me glisse chez moi. Mais là, je puis au moins m’asseoir. Mon siège c’est le pied de ma couche, faite d’un matelas de brindilles, de paille et d’un brancard pour blessés. Ma cantine me sert de table à écrire. Un piquet à la sortie maintient la tente relevée, de sorte que j’ai ainsi dans cet angle, une fenêtre sur la nature. Je vois la chute dans la vallée de la pente à laquelle sont accrochées nos tanières ; je vois mes chevaux à leur piquet, mes fourgons, quelques pruniers en fleurs… Maintenant, pour achever le tableau, imagine à travers ce paysage, qui serait si calme, le vacarme de deux artilleries multiplié par les échos ».
Quelques jours plus tôt, le 5 avril, Le Populaire a publié la photo de l’intérieur d’une cagna prise dans le secteur de Verdun. La légende qui accompagne l’illustration commence ainsi : « C’est là que l’on voit s’exercer l’ingéniosité et se manifester le goût du foyer, si vifs chez le soldat français ».