« Je t’écris au milieu d’un bruit infernal, infernal est le seul mot qui convienne.
La vie est dure ici, les nerfs sont continuellement tendus. Il se fait une telle consommation d’hommes, que dis-je d’homme ! De chair humaine ! » écrit Alphonse de Châteaubriant à son épouse.
La bataille de Verdun continue et les éditorialistes nantais se gardent bien de commenter les communiqués officiels, dont l’ambiguïté ne cache ni les difficultés de nos troupes, ni la violence des combats, même s’il n’est jamais fait allusion aux pertes françaises :
« Sur la rive gauche de la Meuse, à la suite d’un bombardement d’une extrême violence, les Allemands ont dirigé, cet après-midi, une attaque à large envergure sur toute la région du Mort-Homme, l’ennemi qui avait pénétré un instant dans nos premières lignes en a été rejeté avec des pertes sérieuses, par une vive contre-attaque de nos troupes… Sur les pentes du Mort-Homme les Allemands sont parvenus en fin de journée à occuper quelques éléments de notre tranchée avancée. Des contingents ennemis qui avaient poussé jusqu’à notre deuxième ligne, pris sous le feu violent de nos canons ont reflué en désordre laissant de nombreux cadavres sur le terrain… ». (Communiqué du 20 mai, 23 heures).
A travers ce communiqué sibyllin, il est difficile de comprendre que le Mort-Homme est tombé, l’ennemi occupant les deux sommets de la colline.