Dans son journal « L’homme enchaîné », Clemenceau, ancien élève du Lycée de Nantes, se déchaîne contre un ancien élève du même lycée, le président du Conseil : Aristide Briand.
« Vous parlez d’espérance, Monsieur le Président du Conseil. Vous êtes le chef de tous les Français qui ont attendu de vous le salut de la France et quand, après deux ans des plus lourdes responsabilités allègrement acceptées pour ne pas dire recherchées, vous prenez la parole devant ses représentants, vous leur devez tout… Vous nous devez des comptes, des comptes d’action et c’est outre-passer les bornes de l’outrecuidance de nous dire que nous devons attendre pour juger votre œuvre, au bout d’un si long temps, que le canon ait cesser de tonner. Notre front n’a pas bougé depuis vingt mois, malgré des sacrifices tels que l’Histoire n’en avait jamais connus. Il s’est même infléchi récemment du côté de Verdun, en dépit d’une résistance qui sera la plus haute gloire de notre pays. Nous avons droit à autre chose qu’aux bonnes paroles d’espérance… Il nous faut des explications sur les faits, afin de remédier aux fautes, s’il y en a ; car ce serait trahir la France, pour vous de nous les refuser, pour nous de ne pas imposer notre volonté de réparation ».