Jacques Vaché est interprète auprès des troupes britanniques sur le front de la Somme.
Dès que la guerre dort, même d’un œil, l’esprit potache de l’ancien élève du Lycée de Nantes, et des officiers anglais aussi jeunes que lui qu’il accompagne, se réveille.
« La nuit dernière fut amusante ici – Les canons n’avaient pas à tirer, et les officiers étant libres on en a profité pour s’amuser – D’abord, à minuit nous avons été froidement « bousculer » un commandant d’un terrier voisin – Et puis nous avons à peu près tout mis sens dessus dessous dans sa chambre – ses bottes dans la cuvette et ses molletières soigneusement enroulées autour de lui – nous l’avons laissé après avoir fermé l’électricité – de là, nous avons pris chacun deux siphons au mess, et nous avons aspergé un mess voisin, pris d’assaut le champagne et emporté en général tout ce qui nous convenait –
Et puis nous partîmes vers d’autres aventures –
Une sentinelle troublée de cette bande bruyante : « Halt ! – Who goes there ? »
L’un de nous, après un silence : « Emperor of China » – Les autres – très naturels : « King of Sahara » – « Prince of Wales » – « Archbishop of Canterbury » – Abdul-Hamid »… etc.
Jusqu’à 2 h au matin nous avons fait des méchantes plaisanteries – et fûmes nous coucher ».
Lettre à Jeanne Derrien, son amie de Nantes