Dans un long article, Le Phare revient sur les activités théâtrales du 81e RIT de Nantes au front, auxquelles nous avons consacré déjà de nombreuse chroniques (23 décembre 1915 ; 3 et 25 janvier 1916 ; 7 février 1916 ; 15 juin 1916).
« La brillante Revue de MM Georges Péaud et Edouard Rivet – C’est beau… mais ! – continuait le cours de ses succès, atteignait la cinquantième, charmant civils et militaires depuis l’Artois jusqu’à la région lorraine (en passant par le territoire de Belfort) et déjà l’un des auteurs, M. Georges Péaud, concevait et réalisait une nouvelle Revue : Casque… c’est ?… »
L’action de cette nouvelle Revue, donnée pour la première fois le 6 juillet, commence au Paradis où les Saint-Louis, Jeanne d’Arc, Cambronne, Napoléon, Déroulède… demandent à Saint Pierre d’afficher les communiqués officiels pour suivre les opérations militaires. Mais les communiqués étant ce qu’ils sont et le mensonge patriotique ce que nous savons, le concierge du Paradis se résigne à envoyer deux spécialistes de la stratégie militaire inspecter le front : Napoléon et Jeanne d’Arc. L’Empereur et la bergère sont alors confrontés au quotidien du poilu, des poux à la mitrailleuse en passant par le nouveau « camion bazar » où chacun peut acheter ce dont il a besoin et surtout le fameux pinard. Sur le front les deux visiteurs rencontrent aussi des journalistes, des hommes politiques (Clemenceau, Wilson…) autant d’occasion d’égratigner les uns et les autres, dans la bonne humeur.
Les décors de cette revue, sont encore de H. Nozais et l’adaptation musicale de Paul Ladmirault. Les auteurs, compositeur, décorateur, sont tous Nantais, et pour certains, anciens élèves du Lycée. Parmi les acteurs on relève les noms de : Artaud, Crouan, Bertet, David, Guillon, Diedisheim. Notons que lors d’une représentation précédente se sont joints à cette troupe, un acteur de Montmartre et trois actrices, ce qui est exceptionnel, les rôles féminins étant tenus habituellement par des soldats maquillés, corsetés et enjuponnés.
Légende de l’illustration : « Afin d’enrayer l’odieuse exploitation dont nos poilus sont l’objet, de la part de commerçants sans scrupules qui leur font payer le moindre objet, la moindre denrée au prix de l’or… on a créé des bazars de l’armée où l’on trouve tout ce qui peut être utile et même agréable dans les tranchées… » (Le Phare du 19/09/1916