Sur le front de l’Aisne, l’offensive est pour demain. Maurice Digo note dans ses Carnets :
« A 10 heures, transmission des ordres définitifs pour l’attaque. Le JOUR J est fixé au 16 avril, l’heure sera donnée ultérieurement….
Maintenant, empilés dans une étroite sape de la tranchée des sacs, nous attendons. Quelques camarades se sont endormis de suite, pliés en deux, les genoux au front, d’autres cherchent, au milieu de l’entassement, une position qui leur permette de récupérer quelques forces pendant les précieuses heures de la nuit.
Comme d’habitude, je ne dors pas. J’ai abandonné à d’autres ma part de gnaule et peu mangé. Avec calme, je reclasse pour la centième fois dans ma mémoire les détails de l’itinéraire et spécialement le fond de Chivy. J’imagine même un arrêt ou un échec sur ce point qui sera demain un piège.
Les heures passent lentement. J’ai l’impression que personne ne pense à la mort. Nous sommes écrasés par les formidables dimensions de l’INCONNU ».