Engagé dans l’offensive sur le Chemin des Dames, le nantais Maurice Digo note dans ses Carnets :
« La rébellion commence à s’étendre dans le secteur. La compagnie qui monte en ligne, déjà épuisée par de durs travaux, d’interminables corvées sait que, dès la relève, elle attaquera ou sera attaquée, qu’elle devra tenir jusqu’au moment où le taux des pertes prévu par le commandement sera atteint, que la relève des blessés étant impossible, il faut envisager toutes les horreurs d’une agonie solitaire…
Les courages les plus éprouvés mollissent. Le bruit se répand que la Division Passaga s’est mutinée. Dans la nuit, un gars du Bataillon me passe un papier. J’attends son départ pour le remettre au commandant.
Le papier indique en quelques mots la fatigue des troupes, la nécessité du repos, le refus de monter en première ligne. Seules les corvées de ravitaillement aux unités engagées serait assurée jusqu’à la relève générale.
Contre toutes prévisions, ce message a été lu sans colère…. J’ai l’impression qu’il [le commandant] est lui-même très fatigué, que l’incurie criminelle du Haut Commandement le révolte, qu’il fera tout pour éviter une nouvelle attaque et obtenir la relève ».