samedi, 20 octobre 1917

Le café maure

Pendant toute la durée du conflit, les troupes coloniales ont représenté environ 600 000 hommes. Le taux de pertes a été identique à celui des troupes métropolitaines. Si l’on ne signale pas de racisme avéré à leur égard au front, le regard que certains portent sur les zouaves et autres tirailleurs originaires d’Afrique n’en demeure pas moins chargé de lourds stéréotypes.

 

Le compositeur nantais Louis Vuillemin stationné à Ancerville (Meuse) écrit :

 «Le café maure : Il y a des cafés pour zouaves et des cafés pour tirailleurs… Les gaillards dont il s’agit ne sont point toujours conciliants. Ils s’enivrent à qui mieux mieux. Et leur ivresse, souvent mauvaise, les rend violents, intraitables. C’est à les voir ainsi qu’on pèse à quel point la guerre a mis à mal l’esprit humain. Ils n’ont ni Dieu ni diable pour réprimer leurs instincts. Un coup de couteau à donner leur coûte autant qu’une chiquenaude. Ils ne parlent plus : ils hurlent. Et certains soirs, ils sont tragiques, attablés dans leurs bouges, les yeux saillants, les traits tendus, fous furieux pour une bêtise, un manillon mal tourné ! L’air est lourd de fumée de pipe. Les tables sonnent sous les poings. Une odeur forte de fauves emplit la salle devenue antre. Il arrive qu’un énergumène balance en l’air une grenade. Et je ne sais quelle menace de meurtre plane sur cette assemblée de sauvages habitués à frapper, à tuer, à courir la baïonnette haute, à tout enfoncer d’une ruée ».

 

x 20 octobre

 

 

Soldats marocains sur le front d’Artois (DR)