Depuis le 22 décembre 1917 le général Guillaumat est en Grèce, à Salonique.
Commandant en chef de l’Armée d’Orient il consacre plus de temps à des manœuvres diplomatiques, pour donner consistance à une armée hétéroclite, qu’aux opérations militaires.
Il s’en plaint dans un courrier adressé à M. Jeanneney, sous-secrétaire d’Etat au Département de la Guerre :
« S’il n’y a décidément rien à faire pour faire cesser l’état d’abandon dans lequel est laissée l’Armée d’Orient par suite de certains entêtements et de beaucoup de négligence, mieux vaut ne plus en parler…
J‘ai ici 550 000 hommes dont 210 000 Français et 100 000 Anglais, les seuls qui comptent militairement. Les Italiens sont ce qu’ils sont partout. Les Serbes nous deviennent de plus en plus hostiles. Les Grecs ne veulent pas se battre…
Nous entretenons avec Essad pacha [dictateur albanais en exil], en relations constantes avec les Autrichiens, un centre d’intrigues sur l’utilité duquel je voudrais bien être fixé par le Gouvernement qui, je le suppose, connaît toute la situation…
Voilà quatre mois qu’on ne tient pas compte de mes réclamations, quatre mois de perdus, et c’est dur de se buter à de pareils refus…. L’isolement dans lequel on me laisse est réellement exagéré… »