C’est la une du Phare ce matin.
L’offensive allemande, aussi attendue que redoutée, a commencé hier et Maurice Schwob, dans son éditorial, ne cache pas que la bataille sera rude :
« La ruée est énorme. Est-ce la ruée principale ? Ne cherche-t-on pas à attirer nos réserves vers un point, afin de pouvoir, brusquement lancer la vraie attaque ailleurs ? »
L’éditorialiste du Phare voit clair. L’offensive lancée par Ludendorff dans le secteur du Chemin des Dames a pour but de fixer les troupes françaises et d’empêcher nos réserves d’aller soutenir les Anglais qu’il envisage d’attaquer ensuite dans les Flandres.
En ce premier jour de la bataille l’offensive allemande est un succès car les troupes progressent de 15 à 25 km. C’est plus que prévu et Ludendorff va revoir ses objectifs.
Bien sûr les journaux ne peuvent informer la population de la percée ennemie alors on minimise et on rassure :
« Comme toujours en pareille occurrence les Allemands prenant l’offensive ont avancé quelque peu entre Soissons et Reims. Mais ce gain initial ne signifie rien… Certes, il est douloureux d’abandonner, ne fût-ce que pour très peu de temps, des positions que nous avions reprises en 1917 au prix de grands sacrifices mais… il n’y a que la fin qui compte… N’oublions pas les promesses formelles des chefs militaires, de ceux qui savent. Ils nous ont dit : « Ayez confiance ! Ils ne passeront pas ! ». (Gaston Veil dans Le Populaire)
Verdun encore, comme une incantation.