mardi, 10 septembre 1918

Préparation de l’offensive

Le régiment de Maurice Digo, stationné à Commercy, se prépare à attaquer le « saillant de Saint-Mihiel ».

 

Il écrit dans son Carnet :

« L’après-midi une grosse agitation règne dans la ville. Des troupes américaines montent en ligne. Leurs officiers prennent contact avec les nôtres… L’offensive destinée à réduire le saillant de Saint-Mihiel serait imminente. Les objectifs seraient situés à longue distance, Strasbourg-Metz, dit-on, sur les principes des offensives précédentes… La majorité de nos effectifs, composée de gosses, classe 18, chauffée à blanc dans les dépôts, se gargarise de bobards, mais les vieux (de plus en plus rares) qui vont peut-être jouer leur dernière chance, font dans l’indifférence les préparatifs habituels…

L’effort principal serait confié aux U.S. dont les officiers sont conviés à d’interminables conseils de guerre. La gnaule coule à pleins bords. Les popotes retentissent de gueulements. Les birbes [vieux] chevronnés estourbissent de leur suffisance les gosses d’Amérique, encore si peu militaires, qui viennent jeter sur le terrain de la boucherie mondiale, l’enjeu de leur masse avec la foi du néophyte ».

 

Dans son Journal, le général Buat cite le calendrier des prochaines offensives, quatre au total depuis celle sur le saillant de Saint-Mihiel le 12 septembre jusqu’ à l’offensive du 25 entre Argonne et Meuse. Il écrit : « Si tout cela marche bien, il se peut que quelques jours après le 25 septembre, la bataille batte son plein depuis Arras jusqu’à Verdun… A ce moment, le boche aura engagé à peu près toutes ses réserves et, en ce cas, l’attaque belgo-anglaise d’Ypres… sera bien capable de tout enfoncer. Ce serait l’attaque décisive après la guerre d’usure ».

 

Tout cela marchera-t-il ? Réponse dans notre chronique du 27 septembre prochain.