vendredi, 11 octobre 1918

Grippe : les poilus aussi

 

 

Maurice Digo, grippé est évacué vers un hôpital de l’arrière.

 

Il note dans ses Carnets :

« Température 39.2. Toute la nuit arrivent des convois de grippés… L’infirmier de service distribue avec une certaine nonchalance les potions réglementaires : acétate d’ammoniaque, benzoate de soude.

Nuit interminable. Fièvre, délire, cauchemars. Puis le jour vient lentement… Une infirmière pose des ventouses, pestant contre le désordre et le surcroît de besogne. A 10 h 30, on distribue la soupe, mais la plupart des malades renâclent devant cette pâtée sur laquelle une épaisse couche de graisse déjà refroidie surnage. Par les croisées disjointes passe un vent coulis qui glace la nuque…

Dans la soirée, deux malades ont geint, puis crié, puis râlé et se sont tus. L’infirmier, au cours de sa ronde ayant constaté le décès a roulé les corps dans une couverture et les brancardiers les ont, je suppose enterrés immédiatement dans le cimetière qui constitue l’annexe la plus importante des ambulances ».