« Une séance historique au Palais-Bourbon » ; les deux journaux nantais arborent le même titre pour saluer le discours (improvisé selon Le Phare) de Clemenceau à la Chambre des députés après lecture des conditions de l’armistice avec l’Autriche.
Le Président du Conseil a déclaré :
« Cette guerre est la plus formidable que le monde ait jamais vue. Avec les progrès des armements, les progrès scientifiques… Je me demande ce que toute l’humanité deviendrait, si nous étions exposés plus tard à de nouvelles guerres dépassant toutes celles que nous avons vues…
Il est beau pour un homme, en un jour de bataille, de rassembler toute son énergie dans un acte d’héroïsme incomparable et de se jeter au-devant de la mitraille. Cet homme est honoré par les générations futures. Mais il y a aussi le poilu de la paix, il y a l’homme à qui les plus graves problèmes se posent et qui, s’il se trompe pendant une trop longue durée de temps, peut aboutir à déchaîner les catastrophes qu’il a voulu éviter…
Il faut nous affranchir des vieilles habitudes d’esprit qui ont fait de nous un peuple prompt aux querelles pour un idéal qui est beau, admirable, que l’on croit atteindre, vers lequel on tend les bras, mais qu’on n’atteint jamais, comme les astres qui éclairent le ciel. Il faut que nous soyons capables d’accomplir cette réforme de nous-mêmes si, après avoir été dignes de la guerre, nous voulons être dignes de la paix ».
Le Phare ajoute en sous-titre : « La Chambre fait une ovation à M. Clemenceau ».