Sous ce titre, Le Populaire consacre un long article à l’arrivée en gare de Nantes d’un train ramenant 720 prisonniers de guerre de la région, libérés par les Allemands.
Les personnalités locales, les infirmières de la Croix-Rouge et les 300 personnes qui les accueillent s’attendent à recevoir des hommes exténués par les mauvais traitements endurés dans les camps ; mais, écrit le journaliste :
« Je dois dire qu’ils ont presque tous bonne mine ; il est vrai qu’ils ont quitté les Boches depuis l’armistice et qu’ils ont eu le temps de se refaire. Ils sont vêtus de façon présentable : pourtant quelques uns sont coiffés de bérets boches ou de casquettes, ce qui produit un effet singulier… Les uns étaient prisonniers depuis 1914, d’autres seulement depuis la grande offensive allemande de 1918.
Généralement ils étaient employés à divers travaux dans les camps, mais dès le début de l’offensive allemande, nos ennemis les occupèrent à préparer cette offensive… Plusieurs poilus nous dirent le découragement des officiers allemands devant la défaite, les pleurs versés par beaucoup à la signature de l’armistice. Par contre les soldats boches manifestèrent leur satisfaction et plus d’un rudoya son officier, si arrogant les jours précédents.
Quant à la joie de nos prisonniers, elle fut intense. Dès le lendemain de l’armistice, les Boches les abandonnèrent. C’était pour eux la meilleure manière de ne plus avoir à les nourrir. En effet, me dit l’un des poilus, les soldats allemands ne mangeaient, comme nous, qu’une maigre ration de pain, des betteraves, et, de temps à autre, de maigres victuailles ».
Les prisonniers libérés sont regroupés à la caserne des dragons avant d’être envoyés dans leurs dépôts respectifs.