Comme l’année précédente, les élèves à l’école de filles du boulevard de la Colinière ont disposé quelques menus cadeaux autour d’une branche de sapin donnée par un voisin.
Mais, écrit la directrice de l’école :
« La question friandise fut la plus difficile à résoudre. Le moindre petit gâteau coûtait 0, 10 f. la pièce. Il fallut pour en donner à tous, les couper en 4 chacun. Cela leur fit néanmoins très grand plaisir. Pauvres enfants ; elles sont privées de bien autres choses ! »
Si l’arbre de Noël fut pauvre de bonbons, les enfants eurent par ailleurs une large compensation.
« Qui l’aurait cru ? La police américaine veilla sur les enfants sages. Certain coin du boulevard de la Colinière fut le théâtre de petites scènes touchantes ou comiques de distribution de friandises aux enfants de tout âge.
Avertie par l’odeur de menthe, je découvris un jour en classe que chaque élève avait un bonbon. Tentée de les gronder de leur gourmandise je fus désarmée. L’une d’elles, celle qui avait partagé avec les autres, réfugiée de Nancy, avoua en pleurant que c’était la première friandise goûtée par elle depuis la guerre (c’était vrai). Le chewing-gum, le chien-gomme comme l’appellent les élèves a un succès fou et le policeman est vénéré de la population enfantine du quartier. Heureuse police !
A l’unanimité il fut proposé comme dessin libre et le sujet fut généralement bien compris ».
Dessin d’une élève de l’école du boulevard de la Colinière avec cette légende :
« Le coin préféré des enfants. Distribution de Chewing-gum
par la bienveillante et maternelle police américaine ». (AMN)