Dans Le Populaire, Gaston Veil intitule son éditorial : « Au seuil de la nouvelle année ».
Dans Le Phare, Maurice Schwob a choisi pour le sien : « Le rêve pour 1919 ».
Rêver, c’est ce qu’ils font tous les deux. Petitement pour M. Schwob : « Au seuil de l’année nouvelle, le seul souhait ou plutôt celui qui les contient tous, c’est une Bonne Paix. Par bonne paix, il faut entendre non une paix de conquêtes et de rapines, comme le projetaient les Allemands, mais une paix juste nous apportant les réparations et les sûretés nécessaires. Il nous faut des réparations complètes… ».
Rêve grandiose pour G. Veil : « Cette paix, les peuples l’ont bien gagnée… Maintenant que la tourmente est passée, ils ne se plaignent plus. Il leur semble qu’un mauvais génie a bouleversé la terre entière, et ils mettent toute leur confiance dans ce bon génie qui la régénérera. Ce bon génie a un nom : il s’appelle Wilson. Grâce à lui, les peuples sont assurés que ce n’est pas seulement une année nouvelle, mais une ère nouvelle qui commence.
Il a donné une forme précise à certaines idées vagues qui flottaient autour de nous. Il a posé des principes que nul n’osera désormais renverser. Il a fait pénétrer dans le cerveau de presque tous les hommes des notions de justice et d’humanité qui priment toutes les autres. Les peuples marchent maintenant vers un idéal nouveau. Fini le règne de la force ! C’est le droit qui est le plus fort. Les temps à venir ne ressemblent plus aux temps passés ».