Sous ce titre, Le Phare revient sur l’enquête concernant la mort de Jacques Vaché et Paul Bonnet :
« Une constatation s’impose : B… et V…, n’étaient pas des fumeurs professionnels d’opium ; ne pouvant le fumer à leur gré, ils en ont mangé, pensant y trouver quelques unes de ces jouissances artificielles, complaisamment décrites dans une littérature spéciale. Ils n’y ont mis aucun discernement et l’opium les a tués.
Le commissaire de police a entendu le lieutenant de l’armée française qui se trouvait avec eux. Celui-ci n’a fait aucune difficulté pour reconnaître qu’en effet il avait passé, en leur société, une partie de la nuit, et que quand il les avait quittés, ils n’étaient nullement malades ; il a ajouté qu’en ce qui le concernait personnellement, il n’avait ni fumé, ni absorbé d’opium.
Le commissaire a également entendu un jeune homme qui a passé la nuit à l’hôtel de France ; lui a fumé et mangé de l’opium ; au matin, il est rentré chez lui, malade, et s’est couché. Quand il a quitté B… et V…, ceux-ci semblaient en bonne santé, bien que sous l’influence du poison.
Enfin, l’Américain, qui a fait connaître leur mort au bureau de l’hôtel, a reconnu être resté avec eux toute la nuit et toute la journée de lundi. Lundi matin, grisé d’opium, il s’est endormi sur un fauteuil. Quand il s’est réveillé, l’après-midi, c’est là qu’il a constaté qu’un de ses compagnons avait cessé de vivre et que l’autre râlait.
Ainsi que nous l’avons dit, il ne reste plus maintenant qu’à découvrir dans quelles conditions ces malheureux jeunes gens ont pu se procurer en aussi grande quantité ce poison qui leur a donné la mort ».
Le Populaire revient également sur l’enquête pour préciser :
« Il est établi maintenant que ces deux jeunes gens étaient tout à fait inexpérimentés dans ce genre de « sport ». Ne trouvant aucune sensation agréable à fumer la drogue, ils absorbèrent jusqu’à une dizaine de petites boulettes d’opium !
Quand au jeune C…, il en absorba une demi-douzaine et ne dut certainement son salut que grâce à des vomissements et à des soins énergiques, quand il rentra chez lui, vers 5 h du matin. L’Américain W… fut également très malade et ne sortit de son état de stupeur que le lundi soir à 5 heures ; il était dans un fauteuil et s’aperçut alors qu’il avait devant lui, sur le lit, un mort et un moribond.
Dans le courant de la nuit, vers 1 heure du matin, les jeunes gens avaient voulu se faire servir du champagne, mais on leur répondit qu’il n’y en avait pas ; ils firent alors demander du cognac, mais on ne sait s’ils l’obtinrent.
Le jeune C… ayant déclaré que l’opium que B…. avait dans sa chambre lui avait été procuré par son ami V…, M. Laroze [commissaire du 5e canton] a fait mander à son cabinet le père de celui-ci, officier supérieur en retraite, pour tâcher d’avoir des éclaircissements.
M. V… père a dit qu’il avait en effet vu ce pot en faïence, recouvert et ficelé : il n’y avait pas pris garde, car il avait toujours pensé que c’était un pot de confiture que son fils avait rapporté d’Aix-la-Chapelle, où il était avec son régiment avant de venir en permission.
Ces confitures étaient, hélas, une drogue mortelle ! L’enquête continue, afin de connaître la provenance exacte du stupéfiant et de savoir s’il n’y a pas de fumeries clandestines à Nantes ».