vendredi, 28 février 1919

Les bruits de couloir de la paix

A la conférence de la paix, le travail s’organise selon le principe de la division du travail. 52 commissions élaborent des projets préparés par des sous-commissions composées de spécialistes : juristes, économistes, géographes, historiens, militaires… Pour s’affranchir des opinions publiques, les journalistes sont tenus à l’écart des négociations de la conférence de la paix. N’étant admis qu’aux séances des assemblées plénières, ils en sont réduits aux bruits de couloir.

 

Par des amis militaires présents dans quelques commissions, le général Buat glane des informations qu’il note dans son Journal :

« La maréchal Foch est fort pressé d’en finir et d’imposer aux boches les conditions militaires définitives du futur Traité de paix… Le maréchal dirige, paraît-il, les débats avec une certaine nervosité, bousculant tout le monde, Français et étrangers, mais ceux-ci ne se laissent pas toujours faire facilement ; les Américains notamment sont les plus rébarbatifs de tous. Ils se présentent aussi sans instructions d’ensemble, si bien que telle condition adoptée par le militaire ne l’est plus par le marin, ou inversement. Un certain amiral Benson, en particulier, est spécialement remarquable et remarqué pour la lenteur de sa compréhension et l’entêtement dans ses idées… quand il en a.

On a parlé de régler d’abord la question de la frontière franco-allemande, mais l’Italie a protesté parce que si cette question était réglée, la nation sœur pourrait ensuite manquer de l’appui de la France, servie, quand elle aurait elle-même à fixer ses frontières entre l’Autriche et la Serbie !

Ah ! La paix est moins facile à faire encore – d’entente – que la guerre !! »