Il y a quelques jours (chronique du 19 juillet), faisant le bilan des relations franco-américaines à Nantes, Le Populaire reprochait aux Sammies de se comporter parfois comme au Far-West.
Aujourd’hui le journal titre : « Comme dans le Far-West – Une scène de banditisme à Nantes – En plein jour, rue de Rennes, des soldats américains volent à main armée ».
L’incident nourrira la rubrique des faits divers pendant plusieurs jours, entretenant l’image de l’américain violent, voire sauvage, et aura même l’honneur d’un éditorial de Maurice Schwob dans Le Phare intitulé : « Est-ce que cela va continuer ? ». Il y demande le désarmement des soldats américains en dehors du service en expliquant :
« Nous ne sommes plus en guerre, et la France n’est pas, que nous sachions, un pays occupé. Que ferait l’autorité française à un poilu en permission qui se promènerait dans nos rues fusil chargé et cartouchière pleine ? Nous avons le droit d’exiger que les autorités américaines agissent de même. Elles ont assez de policemen armés à tous les coins de rue, – les nègres en savent quelque chose, – pour assurer l’observation de ce désarmement nécessaire, sans distinction de couleur ».
Parlant des « nègres » M. Scwhob fait allusion aux soldats américains et français noirs victimes du racisme de la police militaire américaine qui les maltraite régulièrement dans les rues et n’hésite pas à tirer sur eux comme on a déjà eu l’occasion de le voir. La ségrégation raciale dont sont victimes les Noirs dans l’armée américaine choque les Nantais même si ceux-ci ne sont pas vierges de tout sentiment raciste. Entre eux et les Américains le temps du désamour est venu.
Devant le photographe nantais Victor Girard, ces soldats américains miment une scène où ils sont menacés par la terrible Police militaire (PM, sur le brassard) parce qu’ils jouent aux cartes pour de l’argent, ce qui est interdit par le règlement. Le font-ils pour dénoncer leurs conditions de vie ou parce que le photographe, choqué par la brutalité de la PM, le leur a demandé ?