« La coquetterie ne perd jamais ses droits et, à moins d’aller se reposer dans un petit trou pas cher, des fatigues de la ville, partout ailleurs les femmes font assaut d’élégance… L’heure du bain n’apporte même pas un peu de trêve. On se baigne parce que l’on doit se baigner ; cela fait partie des sports de la journée et c’est une occasion de se montrer dans un costume aussi sensationnel que possible. Le pantalon et la petite jupe modeste ont fait leur temps et sont remplacés par la tunique grecque ou par le maillot ; celui-ci né sans doute de la camaraderie sportive, du sans-gêne et aussi d’une certaine absence de pudeur qu’elle entraîne, a un assez grand succès. Beaucoup de femmes, trop on regrette de le constater, ne sont pas du tout effarouchées de se montrer dans cette tenue, des plus simples il est vrai, mais des plus indécentes, avouons-le.
Bien qu’elle soit admise, je ne vous conseille pas d’accepter cette mode. Il est si facile d’avoir un joli costume de bain d’où la fantaisie, une fantaisie de bon goût, n’est pas exclue. Celui-ci de taffetas noir ou bleu foncé, décolleté en rond ou en carré, avec culotte et petite basque garnis de taffetas clair, accompagné de bas de soie noirs ou bleus et de hauts cothurnes constitue un ensemble charmant.
Préférez-vous un costume en taffetas clair ? Rien ne vous empêche de le choisir de la couleur qui vous avantagera le plus… Si vous adoptez ce costume-là, il vous est absolument indispensable de le doubler sinon entièrement, tout au moins en partie, afin d’éviter des effets de transparence fort désagréables, même si la culotte est recouverte par la basque un peu longue. La même précaution est à prendre pour le costume de bain en lainage clair.
La coiffure la plus seyante pour les jeunes femmes est le petit madras noué coquettement. Il doit cacher tous les cheveux ; mais si l’on tient à en montrer quelques uns, la frange par exemple, on tourne la difficulté au moyen d’un postiche artistement adapté au madras… »
Marie Eve, Le Populaire, 4 août 1913