« On sait que les conscrits subissent, maintenant, en arrivant au corps, un examen primaire destiné à constater leur degré d’instruction. Tous ceux qui sont munis du certificat d’études ou du diplôme supérieur sont dispensés de cette épreuve. Le ministère de l’Instruction publique en centralise les résultats et les fait connaître.
En attendant ce travail d’ensemble, la « France militaire » donne déjà quelques indications portant sur 850 recrues qui ont des chances de représenter une moyenne car il y en a de toutes les régions. Un tiers de ces jeunes soldats se sont trouvés exempts d’examen comme pourvus d’un diplôme (baccalauréat, brevet, certificat d’études primaires supérieures, certificat d’études primaires). Parmi les autres se trouvent 35 illettrés complets et 180 se sont trouvés insuffisants et devront suivre les cours primaires durant leur service.
Au total, c’est donc un quart d’illettrés ou de quasi illettrés, car l’examen n’est pas sévère, et ceux qui ne satisfont pas sont véritablement d’une ignorance absolue. Il comporte une dictée, un calcul et quelques questions d’histoire, de géographie et d’enseignement civique, soit trois épreuves, cotées chacune de zéro à trois. Il faut réunir un total de cinq points pour être déclaré suffisant.
Or les questions sont tout à fait élémentaires comme il est facile d’en juger par l’histoire et la géographie : « Quel fut le ministre d’Henri IV ? Les principales batailles de Napoléon I ? Quels sont les ports marchands que vous connaissez ? » Il est impossible que des jeunes gens n’aient rien su de tout cela à la sortie de l’école, mais beaucoup l’ont oublié depuis… »
Le Phare de la Loire, 18 janvier 1914