A Bordeaux, le ministère de la Guerre est toujours confronté à la consommation croissante des munitions. Le lieutenant-colonel Buat note dans son Journal :
« Quand s’écrira l’histoire industrielle de cette guerre, on saura l’immense effort qui a été fait. Un chiffre le marque déjà puisque la production initiale, partie de 10 000 projectiles est montée à 40 000 ; c’est du 400% ; et nous espérons bien que la fabrication maintenant lancée nous donnera, dans un mois à pareil jour, du 1 000%, soit 100 000 projectiles quotidiens ;
Ce serait beau si nous n’avions à subvenir qu’à nos propres besoins, mais les sollicitations arrivent de partout. Il va falloir secourir la Russie. La Grèce et la Roumanie qui sont d’éventuelles alliées tapent sur nos fabrications ; quant à la Serbie, elle s’est toujours battue avec notre poudre, nos balles, nos obus.
Il est juste de dire que la Serbie en fait bon usage. Le vaillant petit peuple vient de bouter les Autrichiens hors de chez lui et de faire une entrée triomphale dans sa capitale. Nos obus sont donc bien placés, mais les 30 000 que nous lui envoyons comme nouvelle mise, sans parler de ce qui suivra, nous manqueront grandement à nous-mêmes ».