Ce titre du Populaire couronne le compte rendu de la journée nantaise du 1er mai.
« On peut dire hardiment que le mot d’ordre de l’Union des syndicats de Nantes et de la région aura été suivi à la lettre car le chômage a pour ainsi dire été général… ».
Le journaliste, fait ensuite la description d’une ville touchée par la grève (le chômage) : « Les rues de Nantes offraient un aspect infiniment curieux et disons-le, infiniment triste aussi avec toutes les devantures de magasins fermées ».
Cette tristesse, longuement détaillée de place en place, ne sert qu’à faire ressortir l’animation de l’après-midi quand 10 à 12 000 personnes se regroupent Place Delorme pour parcourir les rues de la ville derrière les bannières syndicales, au chant de l’Internationale, et : « Dominant les têtes, des pancartes avec les inscriptions suivantes : On les aura les 8 heures – Vive l’internationale – Le prolétariat en marche à la conquête des idées chères à Jaurès – Liberté de réunion – Vive la semaine anglaise – Amnistie générale – Vive la Société des Nations – Démobilisez – Suppression de la censure… ».
« La place Louis XVI est littéralement noire d’une foule silencieuse et attentive lorsque toutes les corporations s’étant massées au pied de la statue de Louis XVI, M. Gautier, délégué de la CGT prend la parole ».
Après la CGT, c’est autour du représentant de l’Union des Syndicats d’intervenir pour énumérer la longue liste des revendications ouvrières et demander : « que cesse l’envoi des troupes en Russie dans le but d’imposer les volontés de l’Entente aux jeunes républiques européennes ».
Après avoir longuement acclamé les orateurs, les manifestants se dispersent dans le calme laissant Louis XVI, plus habitué à entendre des cantiques ou des musiques militaires du haut de son piédestal, reprendre ses esprits. Une manifestation à en perdre la tête.