Jusqu’au 21 août, où ils seront engagés dans la bataille de la Somme, le général Guillaumat et son corps d’armée sont au repos.
Avant de rejoindre son épouse, à Toulouse, le général fait un détour par son domicile parisien :
« Je suis arrivé à Paris un peu avant le déjeuner chez Fanny Deutsch, que je n’avais pas pu refuser : là, tout le monde s’amuse et pleure. J’ai fini par être un peu brutal lorsqu’on m’a dit qu’on ne voyait à Paris personne en deuil. J’ai répondu que c’était parce que dans leur milieu tout le monde était embusqué, alors qu’à Beauvais je n’avais vu personne qui n’eût au moins un fils ou un frère à pleurer. J’ai passé l’après-midi seul, à flâner et, après avoir dîné j’ai parcouru les boulevards, obscurs mais non déserts. Les femmes travaillent le jour, les hommes la nuit. On n’arrête pas. De même à côté de chez nous, où le garage Cottin Desgouttes est transformé en fabrique de fusées. Il y a deux équipes, beaucoup de femmes, et à 4 h j’ai été réveillé par l’atelier qui chantait en chœur la Marseillaise et le Chant du Départ. Cela m’a ému à l’égal d’une revue, j’en avais les larmes aux yeux ».