vendredi, 1 janvier 1915

Année 1915

En 1915, il n’y a plus guère de doute sur le fait que la guerre sera longue.

 

Sur le front Ouest, l’année 1915 est dominée par les différentes batailles de l’Artois et de Champagne qui sont autant de tentatives de « percées » de la part de Joffre.

Il espère, un jour, briser le front ennemi sur un point précis et créer une rupture significative et durable du front de manière à arriver dans le flanc, ou le dos, de l’ennemi. Avant l’attaque, le front adverse est soumis à un feu foudroyant afin de le « grignoter », selon Joffre, ou d’y « faire un trou », selon Ludendorff.

En réalité, ces ruptures limitées sur un secteur donné n’ont jamais pu être exploitées, le front se refermant aussitôt à grands renforts de transports de troupes et de feu concentré. Cette stratégie dépassée, croit encore aux grandes batailles alors qu’on est passé à l’ère de la guerre industrialisée et des grandes masses.

 

1915 fut l’année la plus meurtrière de la guerre avec 500 000 morts, disparus et prisonniers.

On déplora 340 000 morts pour la seule armée française, principalement dus aux attaques infructueuses et très sanglantes en Champagne.

L’armée allemande est sur la défensive à l’Ouest et inflige à l’armée russe à l’Est des défaites très sévères, mais non décisives. La guerre se déroule aussi sur la mer, gagne les détroits turcs et se propage jusque dans les colonies africaines.

 

Carte postale de propagande

Carte postale de propagande

 

La population suit les événements à travers les lettres et témoignages, souvent édulcorés, des « poilus » familiaux et à travers une presse aux ordres, toujours très contrôlée. Il faut galvaniser l’arrière, mais aussi lui cacher les baisses de moral du front et les rares fissures dans le bloc de l’Union sacrée. Le système d’information de propagande mis en place en 1914 atteint son apogée : l’information est fabriquée à la source par des journalistes militaires, puis des correspondants ayant une accréditation. Les journaux retransmettent, en première page, les communiqués officiels de l’Etat-major, et les récits plus détaillés des officines militaires. Les éditoriaux continuent leurs mensonges patriotiques et les pages intérieures sont consacrées aux chroniques germanophobes, à la propagande (lettres de soldats, descriptions idéalisées des conditions de vie au front…), aux œuvres patriotiques et à quelques faits divers, bien qu’on n’y consacre beaucoup moins de place qu’avant la guerre.

 

Jean Bourgeon pour « Nos Ans Criés »