Le bataillon de Maurice Digo, qui combat sur le front de la Somme, à Sailly-Saillissel, est relevé.
Le Nantais parcourt dans la journée la quinzaine de kilomètres qui le ramène au repos, à l’arrière. Il note dans ses Carnets :
« A petits pas trébuchants nous allons d’entonnoir en entonnoir. J’ai l’impression que la destruction est encore plus étendue qu’à Verdun. Sur la profondeur de 8 ou 9 km, conquis en 5 mois, le nivellement est impressionnant et maintenant que tout a disparu : bois, routes, villages, jusqu’aux tombes les plus récentes, l’offensive elle-même sombre dans cet océan de boue.
J’ai lâché la colonne. Je voudrais imprimer dans mon cerveau la vision de ce bled horrible. Tant de vies, tant de choses stupidement sacrifiées et toute cette désolation qu’on oubliera, qui n’aura servi à rien, ni à personne, pas même à ceux d’entre nous qui sortiront vivants de cet enfer.
Après Combles, un troupeau de petits ânes lourdement chargés chemine lentement, suivant le guide… Un peu plus loin se trouve le cimetière des tanks, mastodontes de ferraille vaincus par la boue… ».
On l’a vu dans une précédente chronique, sur la Somme, les intempéries ont forcé le commandement allié à cesser les opérations le 18 novembre. Mais les tirs d’artillerie continuent, plus ou moins violents selon les jours.
Le communiqué officiel du 1er décembre, à 23 heures, pour l’ensemble du front est des plus laconiques. Il se limite à deux phrases : « Activité moyenne d’artillerie et d’engins de tranchées. Aucun événement important à signaler. »