Aristide Briand vient devant les députés demander l’investiture pour le gouvernement de guerre qu’il a constitué (et qui sera le plus long du premier conflit mondial).
Après avoir rappelé la gravité de l’heure, l’héroïsme des combattants, le courage et le sang froid de la population plongée dans les épreuves, il consacre une partie de son intervention à une épineuse question :
« Messieurs, nous n’avons pas hésité à aborder dans notre déclaration un sujet délicat qui a soulevé bien des polémiques : la question de la censure.
Une proposition de loi a été déposée à l’effet de la régler ; le problème viendra donc devant vous dans toute son ampleur. Vous apercevrez alors très vite qu’il n’est pas aussi facile à résoudre que certains bons esprits ont pu le supposer.
J’ai assisté, au sein du Gouvernement précédent, à tous les efforts sincères qu’a faits mon prédécesseur pour concilier les libertés de l’écrivain avec les exigences de la défense nationale. Je sais combien nombreuses ont été les réunions qu’il a tenues avec les associations de la presse dans le désir de réduire au minimum la discipline imposée par les circonstances. Ses efforts n’ont pas réussi à donner toute satisfaction aux membres de la presse parce qu’en réalité le problème est complexe ; il serait même insoluble si les membres de la presse ne consentaient pas à s’imposer une part de la gêne qui pèse sur le pays tout entier et à s’astreindre d’eux-mêmes à la discipline nécessaire en temps de guerre.
Nous recherchons, en collaboration étroite et sympathique avec eux, tout ce qui pourra être obtenu par des moyens de conciliation, tout ce qui, dans les modalités de la censure, pourra être supprimé pour rendre les discussions politiques aussi libres que possibles.»
L’investiture du nouveau gouvernement fut votée à l’unanimité.