Aristide Briand, né à Nantes le 28 mars 1862, ancien élève du Lycée de Nantes, plusieurs fois ministre et président du Conseil, revient à ce poste en remplacement de René Viviani.
Le passage d’un gouvernement dirigé par Viviani, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères avec Aristide Briand au ministère de la Justice, à un gouvernement Briand président du Conseil et ministre des Affaires étrangères avec Viviani ministre de la Justice peut paraître assez étonnant.
Cette manœuvre a pour but de régler le conflit entre pouvoir civil et pouvoir militaire. Depuis le début de la guerre, l’Etat-major et le général Joffre estimaient que tout dépendait d’eux et le ministre de la Guerre, Millerand, n’était volontairement que leur porte-parole. Mais les insuccès successifs des chefs militaires amènent une réaction contestataire d’une partie des parlementaires. Le remaniement a donc pour objet de se débarrasser de Millerand et de le remplacer par le général Gallieni. Mais, malade, ce dernier ne pourra résoudre le conflit entre civils et militaires.
Le lendemain, dans un courrier à son épouse, un autre ancien du Lycée de Nantes, le général Guillaumat écrit :
« Remaniement ministériel : comme Briand est trop paresseux pour s’occuper des détails, Cambon sera le véritable ministre des Affaires étrangères et on ne pourra faire un meilleur choix. Briand est homme d’ailleurs à prendre des résolutions énergiques et rapides de temps en temps, et c’est tout ce qu’on demande à un chef de gouvernement. On est heureux de voir à la Guerre, le général Gallieni. »