Maurice Digo, agent de liaison sur le front de la Somme, porte des dépêches, d’un P.C. à l’autre, sautant d’un trou d’obus à une tranchée boueuse, sous la mitraille ennemie, autour des ruines de Sailly-Saillissel.
Dans ses Carnets, il décrit, avec sa causticité habituelle, l’état d’esprit d’officiers de son bataillon :
« Un amoncellement de débris m’indique l’entrée d’un abri… Je suis dans le P.C. du bataillon…. Dans l’abri règne un silence pesant. Le commandant Odonne, breveté de l’Etat-major, l’homme des manœuvres de Bataillon, des discours et des parades est enfoui au fond d’une deuxième cave fortement boisée. On ne l’entend ni ne le voit. Il fait ses besoins dans une gamelle que vide au dehors son ordonnance et sursaute à chaque explosion.
Quant au colonel, il organise, un perpétuel jeu de massacre en lançant à travers le bled, des corvées destinées aux cartons de Fritz, ce qui ne l’empêche pas d’avoir la trouille en ce qui le concerne. Un planton placé à l’entrée de son abri doit le renseigner quand ça bombarde. C’est bien la première fois qu’on voit ça au 146e ».