Dans son Journal, le général Buat évoque les recherches françaises en armes nouvelles. Il écrit :
« Au début de ce mois, j’ai eu la visite du colonel d’artillerie Estienne. Il est venu m’entretenir de la création de chars d’assaut blindés, armés de mitrailleuses et de canons capables d’accompagner l’infanterie dans ses attaques, en passant par-dessus les tranchées et en écrasant les réseaux de fils de fer. Le principe de ces appareils consiste à actionner, au moyen d’un moteur à pétrole, des chenilles qui s’agrippent sur le sol et font mouvoir l’instrument. C’est quelque chose d’analogue au fameux appareil Boirault dont le ministre avait protégé les essais, en 1915, mais avec cette différence que Boirault visait à la seule destruction des fils de fer tandis qu’Estienne voudrait faire de ses instruments des organes de combat Cette idée rentre trop dans la loi historique qui veut que, de plus en plus, les combattants soient soustraits au feu terrible des armes actuelles, pour que son protagoniste ne rencontre pas ici tous les encouragements…
Or, il se trouve qu’il y a quelques jours, le général Pellé m’a parlé de recherches analogues, faites par les Anglais, et même d’expériences organisées dans une petite île d’Irlande. Il est essentiel qu’Estienne se mette en rapport avec nos alliés et que les progrès déjà réalisés par l’un de nous profitent à l’autre. Le colonel Estienne sera donc mis en relations avec le GQG britannique dans ce but ».
Bientôt, en septembre prochain, les premiers chars anglais interviendront sur le champ de bataille de la Somme.