mercredi, 20 février 1918

« Bons pour le service »

Un journaliste du Phare évoque les jeunes de la classe 19 qui viennent de passer le conseil de révision.

 

Déclarés « Bons pour le service » ils déambulent : « par bandes joyeuses, emplissant la ville de leurs éclats de rire et de leurs chants. Leur répertoire est peu varié : Madelon en fait à peu près tous les frais…

Il ne faut pas s’émouvoir du chant de nos conscrits. Ils ne doivent pas offenser la douleur des mères et des épouses qui pleurent l’être aimé. La gaieté de celui qui va offrir son sang à la Patrie ne détonne pas au milieu de nos angoisses quotidiennes…

Ce qu’il faut blâmer, ce sont les bandes avinées qui, le samedi et le dimanche soir surtout, emplissent les rues de leurs clameurs, bandes d’hommes, de femmes aussi, qui n’ont pas la décence de cacher leur satisfaction de vivre à l’abri du danger, et de bien vivre, tandis que tant d’autres se font tuer pour eux…

Accueillons avec sympathie, avec orgueil, les « Bons pour le service » qui caressent en chœur le menton de Madelon. C’est de la graine de héros qui lève ».