Le général Guillaumat écrit à son épouse : « Si ce désastre reste sur le plan militaire, il importe peu, mais sait-on jamais ce que peut être la politique consécutive dans un pays à combinazione ? »
Le désastre auquel fait allusion Guillaumat est celui de Caporetto. Depuis deux ans et demi, Italiens et Autrichiens se battent sur l’Isonzo. Le 24 octobre, les forces autrichiennes, renforcées par des divisions allemandes, lancent une douzième offensive en utilisant de nouvelles tactiques d’assaut et d’infiltration des lignes adverses. C’est un véritable désastre pour les forces italiennes qui perdent en quelques jours près de 300 000 hommes, dont 260 000 prisonniers et doivent abandonner tout le terrain péniblement conquis depuis 1915.
Dans les premiers jours, les quotidiens nantais, restent assez proches de la vérité : « La situation créée par le choc puissant de l’ennemi est grave… Il est impossible de faire des prévisions. La lutte est des plus âpre et ses alternatives sont indécises ». (Le Populaire du 27). Puis, au fur et à mesure que la situation se dégrade, ils usent de ces titres qui, en voulant rassurer, confirment au lecteur désormais averti par trois ans de guerre et de mensonges patriotiques, le désastre : « Le repli des Italiens s’opère avec méthode » (Le Phare du 29) ; « La situation des Italiens n’est pas désespérée » (Le Phare du 30 octobre).